1347 : La peste noire, épidémie dévastatrice
Entrée 147 la peste débarque en Europe, elle débarque au sens propre d’ailleurs parce que, c’est par les bateaux qu’elle arrive d’Asie en novembre à 140,7, elle est à Marseille, elle va dévaler sur toute l’Europe en 13 152 très 153, elle est à Moscou et ce mal qui répand la terreur va tuer un tiers de la population européenne presque la moitié de la population urbaine. Ce n’est pas le premier passage de la peste en 542 sous le règne de l’empereur Justinien une première épidémie qui a déjà touché le bassin méditerranéen et l’Europe, elle passe ressurgit çà et là jusqu’au huitième siècle puis s’évanouit commence alors un long silence épidémique quand la peste revient en 13 147, c’est une force inconnue qui en cinq ans jusqu’en 13 152 fait entre 25 et 45 millions de morts en Europe pour l’apel pestilence ou grande mortalité, on parlera plus tard de mort noir puis de peste noire, c’est la plus terrible catastrophe que le moyen âge est connu, je vais peut-être, vous étonner mais, c’est un événement massif qu’on connaît très bien mais qu’on déduit davantage qu’on ne le connaît, c’est à dire que ceux qui documente la peste noire en Europe, c’est le silence qu’il produit dans les archives de cette épidémie, nous n’avons qu’une connaissance par indices toute une série de traces signale le passage de la peste mais sans la dire clairement à orvieto en juillet 13 148 le conseil de la commune s’inquiète de la montée du prix des cierges à sienne le gouvernement passe de neuf à quatre membres et le chantier de la cathédrale s’arrête brutalement a Toulouse le prix du parchemin augmente les charges de notaire qui établissent les testaments se multiplient à givry un village bourguignon de 2000 habitants le curé noté dans un petit carnet les dépenses pour les enterrements, elle monte en flèche entre juin et novembre 13 148. L’historien se trouve face à la peste comme devant l’histoire de manière générale égaré dans une masse de documents, il traque les empreintes laissées par des événements pour reconstituer les faits et ces empreintes sont parfois très ténue car la peste se révèle surtout par des manques et des vides laissés dans les archives par exemple ici dans les archives départementales du Vaucluse, nous trouvons ce registre d’un notaire d’apt les actes se succèdent régulièrement jusqu’à ce jour de 13 148 puis après un court espace l’écriture reprend avec une autre encre probablement d’une autre main mais la date indique que l’acte est de 13 150.
Voilà, c’est tout notre indice et se vide ce blanc cette lacune de deux ans le document ne dit rien de la peste mais comme, nous savons qu’elle est passée par là, nous devinons ici la trace de son sillage le registre, nous dit aussi autre chose peut-être le plus surprenant, c’est qu’après ce manque la vie a repris comme si rien n’avait eu lieu en tant qu’historien ce qui m’étonne le plus ce qui est pour moi l’énigme, c’est pourquoi ça si peu changé pourquoi une certaine manière la peste cette catastrophe extraordinaire change si peu de choses dans les structures sociales dans l’imaginaire dans la manière de penser d’agir d’obéir et de croire. Car, il est aujourd’hui difficile de comprendre comment la société a pu résister à un tel chaos les rares témoignages contemporains de la grande peste décrivent des scènes d’apocalypse le plus beau le plus terrifiant d’entre eux est sans doute le decameron écrit par boccace en 13 149. Il advint plus d’une fois qu’un même cercueil contenait soit la femme et le mari soit deux ou trois frères soit le père et l’enfant ou tel et tel parent et là où les prêtres ne croyait avoir 15 morts à ensevelir, ils ont trouvé six ou huit et parfois davantage mais des images aussi frappante que celle là, elles sont assez rares dans le decameron parce que le decameron de boccace ne décrit pas la peste, il écrit la manière d’y échapper concrètement ce sont quelques jeunes gens bien nés de florence qui fuient la peste qui vont dans une de leurs villas pour se raconter des histoires les fouilles archéologiques menées aujourd’hui ne confirme pas l’impression que donne boccace d’un sauve-qui-peut funéraire, elle révèle au contraire une grande diversité de sépulture avec un voire deux défunts par tombe rarement plus l’église semble-t-il à essayer de maintenir ces rituels d’inhumation le plus longtemps possible dès lors qu’une catastrophe de cette ampleur advient, on va en chercher les causes au ciel donc la première recherche, elle est évidemment religieuse, on est dans une pensée providentiel dieu ne peut pas ne pas voir le mal qu’il fait aux hommes donc si, ils leur inflige une aussi abominable catastrophe, c’est donc, il a quelque chose de terrible à leur reprocher, nous avons d’ailleurs par plusieurs textes que la première réaction des sociétés médiévales face à l’épidémie est d’organiser des processions pour éloigner les démons et expier les péchés. Évidemment ces processions d’ éloigne pas la peste et on comprend même assez vite qu’elle favorise au contraire la contagion d’autres explications sont alors recherché mais cette fois parmi les hommes, on accuse les nobles les lépreux les juifs en un mot, on cherche un bouc émissaire, il y a une rumeur, c’est que les juifs ne meurt pas de la peste, c’est évidemment inexact mais, on commence à le dire et on commence à le dire pour amener à l’idée que si les juifs ne meurt pas de la paix, c’est qu’ils ont organisée et comment l’ont-ils organisée et bien en empoisonnant alors les puits la nourriture et c’est donc immédiatement en tout cas dans beaucoup d’endroits, on accuse les juifs d’être responsable de l’épidémie ça a des conséquences très concrètes qui sont les pogroms à bâle à fribourg à erfurt de nombreux documents prouvent que les communautés juives sont victimes de massacres les pogroms accompagne le trajet de la peste et parfois même la précède de quelques semaines déclenchée par la simple rumeur comme à strasbourg où la moitié de la communauté juive est anéanti le 14 février 13 149 avant même que l’épidémie ne touche la ville.
Certains vont tout de même essayer de comprendre les mécanismes du phénomène d’un point de vue scientifique dans le monde chrétien et musulman, c’est le cas des médecins comme guy de chauliac à avignon où, il voudra tima en andalousie l’astrologie est considérée comme une science les médecins vont donc d’abord étudier la conjonction des astres mais surtout, ils vont chercher à observer les symptômes pulmonaires et bubonique dans un étrange mélange de rationalité et de croyance religieuse. Dire que les médecins du 14e siècle ne vont pas se contenter de regarder les étoiles, ils vont observer les phénomènes, ils vont tenter de comprendre comment le mal se propage, ils ont deux modèles pour cela le premier et aeris, tu le mal se propage par l’air qu’on respire le deuxième est plus proprement contagieux le mal se propage par le contact et d’une certaine manière, ils ne sont pas si loin de la réalité qui n’ont aucun moyen scientifique de percer mais que empiriquement, il approche dès lors qu’il comprenne qu’une des façons de lutter contre la peste, c’est quand même de d’empêcher la circulation des marchandises et des hommes. Après avoir dévasté l’Europe en cinq ans la peste revient régulièrement presque chaque année pendant plus de trois siècles de manière endémique, on vit alors au rythme de ces résurgences notamment au xvème siècle où, elle se montre particulièrement meurtrière la mort noir est devenu un phénomène de longue durée et s’est installé de manière permanente dans le paysage et dans les mentalités. Elle marque de son empreinte la Pierre des tombeaux voyez cette sculpture funéraire que l’on appelle un transit saisi par la mort dans sa crudité la plus pathétique sculpté en 14 sans trois ce corps décharné en état de décomposition voire de putréfaction et celui de Jean de la grange l’un des cardinaux david, il figure le défunt dans sa réalité bouleversante de cadavre et non dans la béatitude du gisant qui ouvre les yeux sur la promesse de son immortalité cette représentation de la mort aveugle et terrifiante se retrouve dans un nouveau genre d’image les danses macabres ce que représente la danse macabre s’est simplement l’égalité de tous devant la mort, c’est juste ça mais, c’est tout ça ce qui est terrible et effrayant pour le moyen âge parce que le moyen âge avait face à la mort une inégalité sociale qui est dont, on n’a plus eu idée, c’est à dire ya un écart de de l’espérance de vie entre un paysan est un aristocrate qui est énorme or là évidemment, c’est la faucheuse leroy la baie le paysan la belle jeune femme tous sont emportés, c’est ronde infernale où se mêlent les nobles et les manants les puissants et les humbles s’égrènent tout au long des xvème xvième et xviième siècle et accompagnent la peste sur toute la durée de sa présence en Europe à ses desseins de squelettes fait écho une autre image celle du médecin de peste qui deviendra familière à partir du xviie siècle hermétique et entièrement huilé le costume prévient de tout contact et son masque au bec creux rempli d’un mélange de camphre de teint de clous de girofle de milices et de pétales de rose est censé filtrer l’air de ses miasmes invisible mais le mécanisme réel de la contagion restera un mystère pendant plus de cinq cents ans et quand la peste quitte l’Europe par une dernière épidémie à Marseille en 1722, on ne connaît toujours pas la cause véritable, il faut attendre 1894 est la troisième grande pandémie en Asie qui fait 12 millions de morts pour que l’énigme commencent à se résoudre à Hong Kong un médecin alexandre yersin poursuivant les travaux de louis pasteur découvre finalement le bacille de la peste qui prendra le nom de son découvreur hier signa pestis quelques années plus tard un autre médecin Paul louis simon établi que le microbe et transporté par une puce et plus précisément par la puce duras mais comme aucun texte ne témoigne de la présence du rongeur lors du premier passage la peste en Europe sous l’empereur justinien l’hypothèse la plus dure à est écartée pendant plusieurs décennies.
Ce n’est qu’un siècle plus tard avec le travail de l’archéozoologie, c’est-à-dire l’étude des restes osseux des animaux représenté en France par frédéric audoin rouzeau que sont enfin réunis tous les éléments du puzzle. J’ai rassemblé petit à petit les découvertes restent de rats dans des sites archéologiques avant le xième siècle que j’ai superposé à l’expansion qui n’avait pas été dessiné par mois de l’expansion maximale de 2 2 les deux de la pandémie justin yens de la première et ça correspondait en fait la peste justin y, elle s’était développée là où, il y avait des rats quand, elle revient et qu’elle balaye toute l’Europe en cinq ans, il ya duras partout ainsi ce sera lui le responsable de la peste noire notre rat des champs rattus rattus ce nom le responsable de la peste, c’est ça pousse. C’est lorsque tous les rats sont morts que la puce affamés et contagieuse s’attaque aux êtres humains. Il reste tout de même une question pourquoi la puce duras parmi les 2500 espèces de puce la plus dure à présent une petite singularité que sonnent les microscopes électroniques ont pu révéler ici à cet endroit qu’on appelle le pro ventricules une série de petites épines filtre le sang dont se nourrit la puce alors que, c’est la plupart des espèces les microbes traverse le corps de l’insecte avec le sont chez la plus dure à les bacilles s’accumulent dans ses épines et forme un bouchon donc ensuite quand, elle va piquer un homme, elle pose son sens saint leu sans arrêt ce bloc contre le bouchon bacillaire où, ils se saoulent de bacilles la puce ne peut pas avalé le sens et leur régurgite vomi dans le point d’inoculation par sa trompe comme serein empoisonné voilà les responsables de la peste ne sont pas les étoiles ce n’est pas dieu ni un quelconque bouc émissaire ni même les rats ni même la puce non les responsables de la propagation de la peste ce sont ces épines de quelques millièmes de millimètre d’épaisseur ce sont, elles qui au milieu du 14e siècle à partir des premiers foyers infectieux d’Asie centrale ont permis aux microbes de voyager de puces en ra et de rats aux nomes l’histoire de la propagation de la peste, c’est une histoire commerciale ça en est certain, on est certain et on le comprend mieux aujourd’hui depuis que l’on a incriminé la puce du rat comme vecteur parce que la puce duras et bien, elle se loge dans les tissus et et donc, elle va suivre les ballots des marchands, elle va être évidemment les rats sont dans les cales des navires donc les routes de la peste dessine très exactement les lignes de force du commerce international depuis la basse vallée de la volga les sources russes byzantine et arabes permettent de suivre mois par mois l’avancée de l’épidémie depuis l’embouchure du ton et les ports de crime et la dissémination suit l’itinéraire des navires génois constantinople messine Marseille.
Grâce aux progrès de l’archéologie funéraire et de la biologie moléculaire, on peut donc repérer les routes de la peste ce sont les lignes de force du grand commerce eurasiatique sillonné de routes terrestres fluviales et maritimes. Voilà l’Europe de la peste seules quelques zones ont été épargnées celles restées à l’écart des échanges jce landes la scandinavie une partie du monde slave et pendant ce temps là dans le monde le maghreb comme l’ensemble du bassin méditerranéen a été décimée de l’Inde, on pense aujourd’hui qu’elle fut plutôt épargné de l’Afrique subsaharienne, on ne sait rien quant à l’Amérique, elle n’existe évidemment pas pour l’européen du 14e siècle une grande partie de l’Asie et du proche orient a été atteinte, nous savons que la Chine a été touché mais, nous ne savons pas avec quelle gravité une information en tout cas émergent de la carte la toile de fond de l’épidémie de peste et l’espace interconnectés par l’ empire mongol fondée par gengis khan au xiiie siècle ou plutôt parce qu’il en reste avec ses deux principales branches héritières d’un côté la Chine de la dynastie hô van et de l’autre en Asie centrale l’ empire turco mongols l’issue du fils aîné de gengis khan qu’on appelle la horde d’or après le passage de la peste la seconde moitié du 14e siècle verra s’effondrer le règne de la horde d’or ainsi que la disparition des ânes au profit de la dynastie ming en Asie centrale comme en Chine, il est fort probable que la peste face rupture en tout cas, elle est contemporaine d’une rupture politique ce qui est frappant pour les historiens de l’Europe, c’est que, on peut faire une un tableau apocalyptique un de la peste mais fondamentalement, elle ne change rien, c’est comme si ce monde qui a été terrorisée par la pêche et bien d’une certaine manière ne doutait pas de lui-même et repartait, je ne veux pas dire comme si de rien n’était mais en tout cas sur les mêmes bases. Pour comprendre ce qui fait la solidité de ses bases, il faut sans doute venir ici ici, c’est à dire à avignon dans la capitale de la chrétienté depuis que les papes s’y installèrent au début du 14e siècle là est la matrice d’un état puissant et centralisée l’épaisseur des murs, nous dit la solidité d’un pouvoir qui s’affirme à partir de 13 148, on meurt en masse à avignon car la concentration de la curie favorise la contagion le pape clément 6 tente de faire face à lire ses sermons, on comprend qu’il sait que la mort peut surgir à tout moment et pourtant le chantier d’agrandissement du palais qu’il a entrepris des treize 142 ne faiblit pas la bureaucratie pontificale continue à tourner à plein régime ne serait ce que pour répondre aux suppliques qui affluent depuis l’ensemble de la chrétienté pour remplacer les charges ecclésiastiques laissée vacante par la mort de leurs bénéficiaires. Avignon est la véritable capitale du monde chrétien capitale spirituelle mais surtout capitale administrative et culturelle à la cour de clément 6 se retrouve les grandes figures de l’époque le médecin gui-de-chauliac pétrarque le poète et matteo giovanetti qui peint les fresques des chapelles du palais ces images précède de quelques mois le passage de l’épidémie avec le diable leurs scènes de terreur et d’expiation et nous rappelle que les croyants du 14e siècle se savait en sursis dans un monde où la soufFrance était déjà une compagne familière, nous pouvons comprendre alors comment la peste va s’emparer d’une figure qui est déjà la pinte pour la première fois au campo santo de pise durant les années 13 130 15 ans avant l’épidémie la grande faucheuse lorsque la peste surgit la faucheuse devient l’incarnation de la mort et trouve sa monture dans les siècles suivants inspiré les trois triomphes de pétrarque, elle est debout sur un char à boeufs écrasant les corps sur son passage.
Puis comme échappées des quatre cavaliers de l’apocalypse, elle enfourche un cheval famélique ces spectres terrifiants rôdent dans les peintures et les enluminures à partir du 15e siècle et impose la présence fantomatique de cet événement historique de longue durée que la peste. Elle hante désormais l’histoire de l’art et notre imaginaire et notre regard contemporain ne pourra pas s’empêcher de trouver dans ce triomphe de la mort pain à palerme en 445 la préfiguration de guernica de picasso a peint en 1937 pendant la guerre d’Espagne. Fond la peste, elle fait date comme pas seulement parce que les passes et pas seulement parce que là, elle s’est installée en Europe en 13 147 et qu’elle y est demeuré jusqu’en 1722 mais parce que ça son empreinte la plus profonde, c’est évidemment dans l’imaginaire qu’on la trouve au fond toutes les grandes catastrophes vont être comparés à l adp est moderne, on craint comme la peste telle ou telle catastrophe, c’est donc qu un imaginaire de la destruction 7 à ce moment là construit autour de cet événement et c’est ça peut être l’événement de la peste, c’est pas tant les conséquences qu’elle a finalement ça ne change pas grand-chose à l’organisation des pouvoirs à la structure sociale à l’imaginaire même ou au système de croyances non ça s’installe comme image même de la désolation.